Résumé : |
Objet incontournable de nos sociétés modernes, sujet de jouissance pour les uns, d’inquiétude pour les autres, la cigarette a aujourd’hui mauvaise presse et tombe sous le coup d’un interdit social. Mais si elle a largement disparu de l’espace public, elle imprègne toujours les consciences. L’historien des représentations ne pouvait manquer de s’interroger sur les allures de cette 'allumeuse'. D’abord fumée par les Indiens du Nouveau Monde, vite adoptée par les conquistadors, mise en bouche sur tout le continent européen, à l’exception notable de la France, qui lui préfère longtemps la prise nasale, la cigarette se répand comme une traînée de poudre de Napoléon Ier à Napoléon III. D’abord petit cigare, elle se féminise, passe entre les doigts des dandys, de l’empereur, des prolétaires et des prostituées. Elle se roule à la main, puis se manufacture et s’industrialise, disparaissant sous un voile de papier et de fumée, rangée dans des étuis cylindriques au ruban de couleur qui prennent bientôt la forme de paquets plats que les G.I.’s de la Libération distribuent généreusement à la France occupée. Cette première anthropologie historique de la cigarette emprunte, sans se confondre avec elle, à l’histoire des débitants, des entreprises commerciales, des drogues et des consommateurs. Sans ignorer l’impact de l’invasion des blondes américaines sur le marché, son espace privilégié reste la France : premier pays, avant l’Angleterre et les Etats-Unis, à inventer la cigarette industrielle mais aussi à promouvoir la lutte contre le tabagisme, il est aussi celui où la fabrication, la vente et l’importation de tabac ont été dès le début monopole d’Etat, un monopole qui, tout au long du XXe siècle, a fait les beaux jours de la publicité. Feu la cigarette ? L’histoire continue... |