Résumé : |
[résumé de l'auteur] Le tabagisme est un problème de santé publique de premier plan. Pendant la grossesse, il représente une inégalité de santé et d’espérance de vie importante pour l’enfant à naître. Le tabagisme est une toxicomanie largement répandue et il existe toujours, à l’heure actuelle, de fausses idées reçues encore bien ancrées, tant au niveau de la population générale que dans le milieu de la santé. Sensibiliser la femme enceinte et son entourage mais aussi le corps médical et paramédical est indispensable. Les objectifs de notre prise en charge au sein de l’hôpital du CHR de La Citadelle sont : promouvoir une action coordonnée et multidisciplinaire pour une « Maternité et Famille sans Tabac », promouvoir l’information sur « tabac et grossesse » auprès des patientes enceintes fumeuses en consultation prénatale, promouvoir le soutien à l’arrêt du tabac des patientes enceintes fumeuses, soutenir le sevrage tabagique imposé lors d’hospitalisation pour grossesses à risques par des moyens de substitution nicotinique, promouvoir l’information sur le tabagisme passif auprès des mères (et entourage) nouvellement accouchées fumeuses, dénormaliser le tabagisme. Matériels et méthodes : Depuis le 1er décembre 2010, à chaque étape du suivi de la grossesse, une prise en charge du tabagisme maternel est proposée : l’accueil en consultation prénatale comprend une anamnèse tabacologique des futurs parents ainsi que l’ information sur les effets délétères de la nicotine et du monoxyde de carbone sur la santé de la mère et de l’enfant le gynécologue ou la sage-femme propose systématiquement la mesure de CO expiré à toutes femmes enceintes fumeuses à la première visite au minimum et commente le résultat une consultation auprès d’un tabacologue est proposée si la patiente souhaite de l’aide à l’arrêt en cas d’hospitalisation et de sevrage tabagique forcé, une substitution nicotinique est 3 proposée en postpartum , le pédiatre renforce l’information sur le tabagisme passif et l’allaitement maternel est encouragé. Afin que l’approche soit multidisciplinaire, tous les acteurs (gynécologues, infirmières et sages-femmes, travailleurs médico-sociaux, pédiatres de la maternité) ont reçu la formation sur la prise en charge du tabagisme et leur rôle primordial dans la démarche pour une « Maternité et Famille sans Tabac ». Plusieurs outils existants ont été utilisés : brochures du FARES « grossesse et tabac » sur le monoxyde de carbone et la nicotine, échelle d’interprétation de la mesure de CO éditée également par le FARES. D’autres outils ont été créés pour soutenir la démarche à tous les niveaux de soins : organigrammes, anamnèse tabacologique, différentes brochures d’information : « Comment utiliser vos substituts nicotiniques ? », « Centre d’aide aux fumeurs », « Papa, Maman fument…moi aussi ! ». Résultats : Dans notre population, 22.5 % des patientes fument en tout début de grossesse. Seulement 5.1% arrêtent de fumer dès l’annonce de leur grossesse. 17.4% continuent de fumer en cours de grossesse. En consultation prénatale, le professionnel de la grossesse aborde le statut tabagique seulement 1 fois sur 10 contacts. 24% des patientes sont interrogées par leur gynécologue sur leur tabagisme contre 84% si c’est une sage-femme qui assure leur suivi. La mesure de CO a été pratiquée auprès de 41% des patientes suivies par un gynécologue contre 12% des patientes suivies par sage-femme. Notre tabacologue a réalisé 10 consultations de tabacologie en ambulatoire et 16 interventions dans le service de grossesses à risques. Ces 16 patientes ont bénéficié, en intra-hospitalier, de traitement substitutif nicotinique (Patch, microtabs, gommes). Bien qu’il soit très difficile d’évaluer l’impact de notre action sur la santé des nouveau-nés, notre démarche cohérente motive les fumeuses prêtes à l’arrêt ou ambivalentes. Conclusion : Le projet « Maternité et Famille sans Tabac » a créé une dynamique motivante et bientraitante autour de et avec la patiente enceinte fumeuse et son entourage. Si le gynécologue-obstétricien semble plus impliqué dans la mesure du CO expiré que la sage-femme, il reste moins efficace que celle-ci dans l’abord du statut tabagique de la patiente en consultation prénatale. En tant que service universitaire, nous nous devons d’aborder systématiquement la problématique du tabagisme maternel et familial. Par notre démarche, nous donnons ainsi aux jeunes médecins et élèves sages-femmes accès à une formation dite « de terrain » à la prise en charge du tabagisme. |