| Résumé : |
Résumé de l'auteure
Introduction - Depuis quelques années, les chiffres européens mettent en évidence un tabagisme féminin en augmentation pour lequel il peut être difficile de proposer des prises en charge spécifiques et efficaces. Dans ce contexte, la question générale de ce travail était de savoir comment renforcer l'adhésion de la population de patientes fumeuse du CHR Citadelle au dispositif d'aide au sevrage. Plus spécifiquement, il s'agissait de déterminer si l'information sur les risques liés au tabac dans le cadre d'un suivi de pathologie influencée négativement par la consommation tabagique avait un effet sur l'adhésion à la démarche. Enfin, l'objectif était également d'identifier les pistes ou outils à développer pour soutenir le conseil d'arrêt tabagique lors des consultations médicales en gynécologie et augmenter les chances d'arrêt tabagique chez les patientes fumeuses. Méthode - Une première partie du travail consistait à évaluer les pratiques en matière de conseils d'arrêt du tabac par la réalisation d'une enquête et d'entretiens semi-structurés auprès des médecins, superviseurs et assistants, du service de gynécologie. La deuxième partie de la démarche visait la mise en œuvre d'un protocole d'accompagnement du sevrage tabagique chez les patientes fumeuses suivies en consultation de colposcopie et d'analyser les résultats au bout de trois mois. De plus une enquête sur la démarche globale auprès des patientes intégrées dans le protocole était réalisée en fin de suivi.
Résultats - Les données montrent que l'ensemble des médecins superviseurs et assistants interrogés est attentif au statut tabagique des patientes. Quant aux conseils d'arrêt tabagique, il est systématique pour les patientes enceintes mais plus aléatoire pour les autres patientes fumeuses. Les gynécologues interrogés évoquent des difficultés à proposer un travail de motivation et de soutien à l'arrêt tabagique liées à un manque de temps, d'expertise ou encore à la masse d'informations à communiquer et aux difficultés de compréhension des patientes. Ils souhaitent une plus grande accessibilité et flexibilité dans les possibilités d'orientation des patients dès qu'elles adhèrent à la démarche, des formations et 2 des outils de communication adaptés. L'information sur les liens entre évolution négative de lésions HPV et tabagisme joue un rôle non négligeable dans l'adhésion au protocole mais ce sont le degré de motivation préalable et leur niveau de réflexion par rapport à la démarche qui influencent l'adhésion à la démarche et la concrétisation de l'arrêt ou la diminution des consommations de tabac dans le décours du suivi.
Conclusions - La première conclusion de ce travail est que la population étudiée, à savoir les femmes suivies dans le cadre de lésions HPV, ne constitue pas une exception aux constats largement confirmés par la pratique clinique et par les études sur les freins ou leviers dans le processus de sevrage tabagique. En particulier, il est clairement apparu, à chaque stade de l'enquête, que le degré de maturation de la réflexion sur l'arrêt tabagique et le niveau de dépendance influençaient de manière déterminante la motivation des patientes. L'enquête conduit par ailleurs à mettre clairement en évidence le fait que l'information spécifique délivrée aux patientes par le médecin quant à l'impact du tabac sur l'évolution de la pathologie pour laquelle elles sont suivies renforce très nettement leur motivation. Si ce type d'information ne suffit pas à convaincre les patientes dont la réflexion ne fait que débuter, elle peut en revanche être déterminante chez les patientes dont la réflexion est déjà bien entamée, chez qui elle peut constituer un « déclic » ouvrant un processus efficace de sevrage. Par ailleurs, le sevrage étant un processus graduel, on peut émettre l'hypothèse, sans pouvoir l'étayer étant donné la limitation dans le temps de notre étude, que cette information spécifique, apportée à un stade sensible du parcours personnel des patientes, peut agir positivement à terme sur leur motivation. Ces conclusions permettent donc de confirmer l'hypothèse de base de ce travail : l'information délivrée par le médecin d'une part, et la disponibilité d'autre part d'un suivi accessible et flexible répondant aux besoins individuels des patientes, font la différence. Les modalités de l'enquête ne permettent pas de définir si l'un de ces deux facteurs est déterminant, mais leur combinaison se révèle en tout cas efficace.
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