Résumé : |
Aujourd’hui, les effets dévastateurs du tabac sur la santé ne sont plus à démontrer. Le tabagisme est en effet impliqué dans le développement, et est la cause, de nombreuses maladies graves et invalidantes, voire mortelles. Il est également établi que le tabac est responsable du décès prématuré de la moitié de ceux qui en consomment. Toutefois, comme les dommages liés à l’usage du tabac sont pour la plupart différés dans le temps, le risque est moins perceptible aux yeux des consommateurs. En outre, le produit est hautement addictif, ce qui n’incite pas à y renoncer et rend le sevrage pénible et fragile. C’est pourquoi il incombe aux autorités sanitaires d’assurer la protection de la santé publique, en mettant en place des mesures de prévention (surtout à l’adresse des jeunes) ainsi que des mesures visant à diminuer l’attrait et l’accès aux produits du tabac, mais également en promulguant des programmes d’aide à l’arrêt accessibles à tous les citoyens. Certaines démarches anti-tabac sont certes impopulaires auprès d’une frange de la population, notamment les consommateurs invétérés, mais aussi les producteurs et les commerçants qui tirent profit de ce marché lucratif. Il n’en reste pas moins que la Belgique, sous le joug d’un engagement international et à l’instar de nombreux pays occidentaux, se doit de faire baisser l’usage du tabac sur son territoire. Cela fait partie intégrante du programme de la Convention-Cadre de la lutte anti-tabac de l’OMS1, tout comme l’est la surveillance de la consommation tabagique, d’ailleurs. A cet égard, l’enquête de santé constitue un outil privilégié, de par son fondement scientifique, pour le monitoring récurrent de l’épidémie tabagique au sein de la population belge âgée de 15 ans et plus.
Population générale
• Il ressort de l’enquête de santé de 2013 que l’on dénombre en Belgique encore 23% de fumeurs au total (soit 19% de fumeurs quotidiens et 4% de fumeurs occasionnels) et 77% de non-fumeurs (soit 21% d’ex-fumeurs et 56% qui n’ont jamais fumé). Cela représente une diminution de 2 points de pourcentage du nombre de fumeurs depuis 2008, puisque l’on comptait alors 21% de fumeurs quotidiens et 4% de fumeurs occasionnels, soit 25% de fumeurs au total.
• Le nombre de cigarettes consommées par les fumeurs quotidiens – à savoir 16 par jour en moyenne – n’a guère évolué depuis 10 ans. Par contre, la proportion de « grands fumeurs » (≥ 20 cigarettes/jour), qui représente environ un tiers des fumeurs quotidiens, se réduit petit à petit, passant de 10% de la population en 2004, à 7% en 2008 et 6% en 2013. • Par ailleurs, un fumeur quotidien sur dix présente une forte dépendance au tabac, basé sur les critères conjoints d’une consommation de plus de 20 cigarettes par jour, dont la première serait allumée dans la demi-heure qui suit le réveil. Ce taux est également en diminution constante, passant de 14% en 2004 à 11% en 2008 et 10% en 2013.
• La motivation au sevrage tabagique, si l’on se réfère au nombre de fumeurs quotidiens qui ont déjà tenté d’arrêter, semble également gagner du terrain. Il concerne 71% d’entre eux en 2013, contre 68% sur la période 2004-2008.
• Enfin, l’âge moyen au moment de la première cigarette est de 16 ans et 2 mois. Ce n’est que plus tard que commence l’usage régulier du tabac, en moyenne à 18 ans et 1 mois, un âge en léger recul par rapport à ce
qui était observé en 2008 (17 ans et 6 mois).
Résultats par âge et par sexe
• Les hommes sont plus nombreux que les femmes à avoir déjà fumé au cours de leur vie (53% contre 36%), à fumer actuellement (26% contre 20%) et quotidiennement (22% contre 16%). L’écart entre les hommes et les femmes au regard de la prévalence du tabagisme est le plus flagrant dans les classes d’âge entre 25 et 44 ans, où l’on trouve environ 34% de fumeurs masculins pour 20% à 25% de fumeurs parmi les femmes (respectivement à 25-34 ans et 35-44 ans).
• En moyenne, les hommes fument quotidiennement plus de cigarettes (17 c/j) 2 que les femmes (15 c/j) et la proportion de grands fumeurs (≥ 20 c/j) est aussi plus élevée parmi les hommes (8%
2 c/j = cigarettes par jour 166 contre 5% des femmes). Il n’y a toutefois pas d’indication que la dépendance au tabac soit plus importante chez les hommes que chez les femmes.
• Les hommes ont fumé leur première cigarette plus précocement (15 ans et 11 mois) que les femmes (16 ans et 8 mois) et ont aussi commencé le tabagisme régulier plus tôt (vers 17 ans et 6 mois) que les femmes (vers 18 ans et 10 mois).
• La proportion de fumeurs parmi les jeunes de 15 à 24 ans est presque aussi élevée que chez les adultes, soit 22% au total (21% des garçons et 23% des filles), en ce compris 17% de fumeurs quotidiens (15% des garçons et 19% des filles). Par rapport aux résultats obtenus en 2008, on observe en 2013 une baisse de prévalence du tabagisme et du tabagisme quotidien parmi les jeunes hommes, tandis que ces chiffres sont en hausse parmi les jeunes femmes.
• On compte 4% de grands fumeurs (≥ 20 c/j) parmi les jeunes de 15 à 24 ans, et ici aussi, les jeunes femmes sont davantage portées à l’être (6%) que les jeunes hommes (2%).
• C’est entre 35 et 44 ans que la proportion de fumeurs et de fumeurs quotidiens atteint son paroxysme (respectivement 29% et 24%), tandis que les grands fumeurs (≥ 20 c/j) se concentrent davantage dans le groupe d’âge de 45-55 ans (10%) et 55-64 ans (9%). C’est dans ce même groupe d’âge, 45-64 ans, que l’on trouve le plus grand nombre de fumeurs quotidiens qui présentent une forte dépendance au tabac (12%).
Distinction selon le niveau d’éducation
• L’examen des habitudes tabagiques selon les critères sociaux indique qu’elles sont plus favorables au sein de la classe la plus éduquée. Ainsi, les taux de fumeurs (16%), de fumeurs quotidiens (12%) et de grands fumeurs (3%) y sont bien moins élevés que dans les milieux n’ayant pas eu accès à l’enseignement supérieur.
• De même, le tabagisme régulier s’amorce à un âge plus tardif (environ 5 mois plus tard en moyenne) dans les foyers ayant bénéficié d’un enseignement supérieur, et on y fume en moyenne 3 cigarettes de moins par jour que dans les foyers moins scolarisés.
Variations régionales
• Peu de différences régionales sont à noter au niveau de l’usage du tabac. Relevons cependant que le taux de fumeurs quotidiens est meilleur en Régions flamande et bruxelloise (18%) que wallonne (22%). On trouve également moins de fumeurs tabacco-dépendants en Flandre (6%) qu’en Wallonie (14%), (Bruxelles ayant une valeur intermédiaire, soit 10%).
• Bruxelles quant à elle, tend à afficher un taux plus important de fumeurs et de fumeurs quotidiens parmi les jeunes de 15-24 ans (respectivement 28% et 24%) que dans les Régions flamande (respectivement 22% et 17%) et wallonne (respectivement 19% et 16%).
Evolution dans le temps
• Enfin, les analyses comparatives dans le temps (1997-2013) montrent que : 1. nous assistons à une diminution constante du taux de fumeurs, qui est passé de 30% à 23%, soit un quart de fumeurs en moins en l’espace de 15 ans ; 2. cette baisse est à imputer à la diminution du nombre relatif de fumeurs quotidiens, qui est passé de 26% à 19% sur la même période (le nombre de fumeurs occasionnels étant resté stable) ; 3. le pari de faire baisser le taux de fumeurs parmi les jeunes de 15-24 ans porte aussi ses fruits, malgré qu’il y ait encore beaucoup à faire dans ce domaine : entre 1997 et 2013, on compte un tiers de fumeurs (32% à 22%) et de fumeurs quotidiens (25% à 17%) en moins parmi les 15-24 ans.
• Au cours des 10 dernières années (2004-2013), on peut aussi se féliciter de voir reculer le taux des grands fumeurs (de 10% à 6%) et de fumeurs ayant une forte tabacco-dépendance (14% à 10%). |