Résumé : |
Résumé de l'auteur :
Ce travail interroge sur la représentation du lien entre le tabac et le poids chez les étudiants infirmiers et ce, comparativement à la littérature scientifique. Le but est de définir des leviers pour améliorer la prise en charge d’un patient en sevrage tabagique. Ils doivent permettre :
- d’évaluer les différences de statut tabagique (en lien avec le niveau d’étude);
- de corréler le statut tabagique avec l’indice de masse corporelle (IMC);
- d’étudier la représentation de l’influence du poids en lien avec le tabagisme et l’école des étudiants concernés.
Matériels et Méthodes
L’analyse compare les étudiants infirmiers de deux écoles de niveaux différents (brevetés et bacheliers). Un questionnaire est utilisé. Il aborde le profil (âge, sexe, école fréquentée, milieu de vie) puis le statut tabagique et l’IMC de l’étudiant. La dernière partie étudie les représentations du lien entre le poids et le tabac, tant chez les fumeurs que les non-fumeurs.
Après la collecte des données une étude statistique est réalisée.
Résultats
200 étudiants ont répondu, dont 104 de l’Ecole Ave Maria (brevetés, enseignement professionnel) et 96 de la Haute Ecole de la Province de Namur (bacheliers en soins infirmiers). Le sex ratio est de 0.32 avec une moyenne d’âge de 26 ans. Il y a deux fois plus de fumeurs à l’Ecole Ave Maria. Les IMC sont comparables dans les 2 écoles ainsi que dans la population belge en 2014.
Face aux sept affirmations relatives aux représentations du lien qui existe entre le tabac et le poids, seule l’affirmation d’une cigarette envisagée comme un dessert ressort comme statistiquement significative (p<0.0001), permettant de distinguer la population des fumeurs de celle des non fumeurs. Une autre affirmation où la cigarette est envisagée comme un frein au grignotage tend également vers le seuil de signification statistique (p=0.069).
Discussion
23,5% de fumeurs se sont déclarés dans notre étude, ce qui correspond à la moyenne de la population générale. L’école d’enseignement professionnel compte le double de fumeurs par rapport à la haute école (30% versus 14%).
L’analyse du poids démontre que les populations étudiées sont comparables.
Lors de l’analyse des représentations, le problème de poids est surtout évoqué par la gente féminine.
Les concepts « cigarette-dessert » et « cigarette comme frein au grignotage » nous permettent de distinguer la population des fumeurs de celle des non-fumeurs.
Conclusion
Dans le cadre d’une pratique de tabacologue, lors d’évènements de sensibilisation à l’arrêt tabagique, il apparaît important de cibler les populations de niveau d’instruction plus faible.
En consultation d’aide au sevrage tabagique, le poids doit être abordé. Il est important de préciser que ce dernier est certes plus bas, mais de peu (3 à 5 kg selon les études). D’autres stratégies que fumer sont à notre disposition pour contrôler le poids ou diminuer le risque de gain de poids dû à l'abandon du tabac comme, par exemple, l’activité physique ou l’équilibre nutritionnel.
Face à ces représentations, « arrêter de fumer ne fait pas grossir » et « fumer ne permet pas de garder un poids stable tant chez les fumeurs que les non fumeurs » sont des messages importants à transmettre. Par contre, lors de l’entretien thérapeutique, les croyances d’une cigarette-dessert ou d’une cigarette-anti-grignotage doivent être abordées, surtout dans la population féminine. Aborder
ce sujet doit permettre au patient de poser un regard sur cette représentation de la cigarette pour pouvoir la remplacer et permettre un sevrage. Beaucoup de fumeurs diront qu’après la première cigarette du matin, les cigarettes les plus importantes sont celles qui remplacent un dessert.
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